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Investissements Tech en Afrique : Vers la New African Valley

Auteur : Nouamane Cherkaoui Networking Icon

– Les grandes entreprises technologiques du monde sont prêtes à croître sur le marché hautement prometteur de l’Afrique. Beaucoup de pays africains sont en train de faire émerger de nouveaux champions tech locaux, de s’ouvrir à l’innovation tech, à la formation et à la recherche en attirant de plus en plus de capitaux et en capitalisent sur la demande croissante de services numériques.

Néanmoins, ces nouvelles entreprises Tech africaines sont aux prises avec une infrastructure TIC toujours insuffisante, une base étroite de fournisseurs et une fuite des cerveaux non maitrisée.

Les services financiers, la santé, l’immobilier et l’agriculture sont ceux qui offrent les meilleures opportunités aux entreprises de technologie pour de nombreuses économies africaines. Le COVID-19 a apporté une plus grande confiance et une « normalisation » du travail à distance, ce qui profite encore plus à la proximité et à la délocalisation des services informatiques.

La connectivité et les taux très élevés de la pénétration mobile continuent de stimuler la croissance des services tech, la transformation numérique et le développement socio-économique en Afrique. L’Afrique est l’économie mobile qui à la croissance la plus rapide encore aujourd’hui. Un tiers de tous les Africains étaient connectés à Internet fin 2023 et cette part atteindra près de 44 % d’ici 2025, lorsque l’on estime que le nombre de connexions 5G atteindra 40 millions[1] et selon GSM association « La 5G devrait rapporter 11 milliards de dollars à l’économie de l’Afrique subsaharienne en 2030, soit plus de 6 % des retombées économiques globales de la téléphonie mobile [2]».

La CNUCED[3] dans son rapport annuel sur le développement économique de l’Afrique, estime que le continent a une opportunité historique de s’inviter dans les chaînes d’approvisionnement technologiques mondiales – qu’il s’agisse de l’automobile, de la téléphonie ou du photovoltaïque…. L’Afrique sera en plus, dans les prochaines années, une source vitale en termes de matières premières pour les industries à forte intensité technologique comme le lithium, essentiel à la production de batteries de voitures électriques. Elle deviendra ainsi à la fois une force de la chaîne d’approvisionnement mondiale et aussi en fourniture de services technologiques de masse. Les financements en capital-risque ou Venture Capital (VC) sont passés de 2 milliards de dollars en 2019 à 5 milliards en 2022 selon BPI France.

Malgré une forte baisse en 2023, Partec Afrique, relève que les startups technologiques africaines ont levé, au total, 3,5 milliards de dollars de financement, capital et dette confondus.

Forbes Afrique, se basant sur le Global Innovation Index (GII)[4], analyse les ressources dont chaque pays dispose pour innover sur la base de 80 indicateurs dont l’innovation, l’éducation ou l’environnement politique et place la Suisse, la Suède, les États-Unis, le Royaume-Uni et Singapour dans le TOP 5 mondial. Par ailleurs, le continent africain se distingue dans une autre catégorie, celle de l’efficacité relative de l’innovation, qui classe les pays en fonction de leur capacité à transformer les moyens dont ils disposent pour innover.

Sur les 21 économies analysées en Afrique, le TOP 5 est constitué du Maroc, de Maurice, de l’Afrique du Sud, de la Tunisie et du Botswana, dépassant sur le fil le Sénégal, l’Égypte et le Rwanda.

Maroc Afrique du Sud Maurice
Partech rapporte que les jeunes start-up marocaines (en dehors des entreprises bien installées) ont pu lever 93 US$M pour 17 deals fin 2023. Le Maroc s’affirme comme un des leaders africains en matière d’innovation, le pays pouvant notamment compter sur une population bien formée aux nouvelles technologies (500 000 développeurs), le soutien de plusieurs grands groupes internationaux (Amazon, Microsoft, Orange…) et aussi locaux comme l’OCP [5] ainsi qu’un foisonnement de start-up à succès (Terraa, Sowit, Chari, Hmizate..). Parmi les fer de lance de cette révolution Tech, il y a l’UM6P[6], est une institution privée d’enseignement supérieur marocaine axée sur la recherche appliquée et l’innovation qui se positionne d’ores et déjà comme pionnière de l’IA en Afrique (Ai Movement). Plus largement, le royaume du Maroc a su déployer, depuis le début des années 2000, des investissements importants dans les énergies renouvelables, les zones industrielles dédiées et la mise en place de technopôles, structures d’accompagnement de l’innovation qui se multiplient dans tout le territoire sur la base du modèle « Technopark » fruit d’un partenariat public-privé et qui a été pionnier et constitue un cas d’école très intéressant. Une recette qui paie : année après année, le Maroc fait partie de la poignée de pays à « sur-performer » en matière d’innovation par rapport à leur niveau de développement. L’Afrique du Sud se positionne comme un pôle d’innovation sur le continent. Elle compte sur des universités reconnues (Université du Cap, Université de Witwatersrand…) ainsi que sur un réseau d’infrastructures de recherche avancé, à l’image du laboratoire Biovac, qui produit depuis 2022 le premier vaccin ARNm d’Afrique. L’intérêt des investisseurs dans le secteur technologique sud-africain n’est pas nouveau et représente un immense potentiel pour le développement du pays, la réduction de la pauvreté et la réduction du chômage. Le gouvernement a créé un cadre réglementaire favorable avec des incitations financières, combinés à l’éclosion d’un écosystème florissant pour l’entrepreneuriat technologique. Le paysage des prestataires IT en Afrique du Sud est très concurrentiel et englobe un large spectre d’acteurs. Les dépenses IT augmentent et le marché dépassera les 28 milliards de dollars, tandis que les télécommunications dépasseront les 11 milliards de dollars, avec une croissance de 5 %[7]. Mineworkers Investment Company (MIC)[8], souligne l’importance croissante des solutions de cybersécurité telles que les plates-formes de sécurité basées sur le cloud et les systèmes de détection des menaces basés sur l’IA. Dans le domaine des technologies de la santé, la télémédecine devrait connaître une croissance exponentielle, soutenue par l’IA avec une belle visibilité sur la scène tech internationale. L’Ile Maurice n’est pas restée longtemps embourbée dans la monoculture historique de la canne à sucre et as su investir dans l’éducation et la recherche pour s’imposer avec succès dans les secteurs manufacturiers et financiers, qui sont aujourd’hui les principaux pôles d’exportation et de revenus. La volonté politique et les ambitions économiques du Rwanda veulent faire du pays une économie à revenu moyen supérieur, fondée sur l’innovation, l’autonomie et aussi élever le développement des nouvelles technologies comme une priorité nationale. Kigali est déjà ville pionnière dans le déploiement du concept de ville intelligente et connectée pour améliorer le mode de vie et la durabilité sociale de ses citoyens. Dès 2011, et sans attendre la pandémie du Covid, un système de paiement par carte magnétique connu sous le nom de twende[9] avait déjà été mis en place. Les centres technologiques et les start up émergent partout et jouent un rôle important dans l’écosystème Tech. Le « Singapour africain » est parmi les précurseurs de l’innovation technologique en Afrique en ce qui concerne la science, la technologie et l’innovation grâce notamment aux mesures gouvernementales stimulent la création d’entreprise et une politique d’investissement dans les infrastructures du numérique amorcée depuis longtemps.

Licence : Cet article est publié sous la Licence MIT.

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